Ne pleure pas
Petite,
Ton âge comme douze grains de sable
perdus dans l’Eternité du Temps
Ne pleure pas
Petite,
Les cris que tu entends
Ne sont que bris de pierre
Rendus prochainement
à la Terre
Ne pleure pas petite,
Tu vois la cigogne
Au-dessus de ton toit
Elle perd quelques plumes
Parfois
que tu ramasses
tu joues de caresses
en écritures
de mots qui te donnent
l’impression fausse
De savoir donner du sens
Ta vie n’en a pas
n’en a que
si tu – cygne et signes
d’encre et t’ancres
en horizon boule
en tour de planète
houla hoop
L’opéra loupe
Tout –
si ce n’est à s’aiguiller
de compassion en compas
compagnon pour insectes
illettrés élytrés
Qu’importent tes inventions
que les autres ne comprennent pas
ce sont les tiens ces pas
fais pas-ci fais pas-ça
écris la langue que tu veux
tourne la sept fois si tu peux
et la chenillette suivra
Ne pleure pas fillette
les contes d’hier
seront la monnaie de demain
sans compte à rendre
donne qui tu es
poisson volant
ou corail
éclaté
Lâche tes couleurs fillette
tes douze sables
te resteront
en multiples crayons
Si le vert te va d’un ciel
déraison
le rouge la mer
de ta joue qui coule
laisse tout cela se faire
fillette
fillette laisses les codes
aux antipodes
Fuis le Lexique
et ne t’enferme pas au convent
au conventionnel
prends ta coccinelle
quelques battements d’ailes
roule tes orages
et fais le grand ménage
de cette ménagerie humaine
qui te dit quoi tu dois
quoi tu dois faire
quoi tu dois
quoi tu dois pas faire
et si ça t’regarde
de dresser rambarde
pour te pendre
comme cochon
tes cheveux balaieront
la poudre et laisse
De l’asphalte
A l’homme dégât
Pleure pas fillette
tes mirettes ainsi
font font
des ronds et galipettes
et sept fondent les glaciers
chez l’épicier
du coin de l’Univers
Regarde par le trou des yeux
Ce bleu qui s’emmêle
dans tes cheveux
Coralie Adato
09/05/2017